mardi 19 août 2014

Contradictoire - le sens de la vie






Auto-produit


Au début, j'étais un peu embêté. J'aime bien quand les groupes m'envoient des p'tits E-mails pour me demander de parler de leur disque. J'écoute volontiers, des fois j'aime bien, des fois j'aime pas. C'est un peu comme la vie en fait ( lolilol). Il m'arrive d'ailleurs de choisir de pas trop en parler, faire une chronique pour dire que c'est pas bon juste pour descendre le groupe c'est pas trop mon truc. Mais en même temps, il faut encourager les gens qui veulent se lancer, donc un peu de promo honnête n'est pas de trop.

Bref, j'ai donc reçu ce mail d'Arthur du groupe Contradictoire, un nouveau groupe de punk-rock qui est né du côté d'Angoulême. Et je dois dire que j'ai été un peu embêté, comme j'ai dit. D'un côté, après quelques écoutes, j'ai pas trouvé grand chose à dire. Du punk-rock mélo somme toute assez basique, sorti d'un groupe que je pense jeune, qui manque sûrement de maturité. En bref: un style de musique punk-mélo à roulette vu et revu duquel il est difficile de sortir du lot. En plus, ça chante en Français. Aïe. J'ai souvent eu du mal, surtout quand les paroles font un peu "Ado" comme ici, sans savoir si tout est vraiment voulu. 

Autant dire que c'était super mal parti. Mais bon, il m'est resté truc dans la tête pendant un moment. Et ce truc, c'est le refrain de la chanson "Papy Jacques" qui m'a fait un peu marrer, sans vraiment savoir si il fallait prendre ça comme une chanson ironique ou pas. Contradictoire vous avez dit? C'est ça. Du coup, je me lance dans ces quelques lignes, pour tenter une sorte de chronique contradictoire de contradictoire.


On commence avec "Physique ou mentale", une chanson qui parle des agressions que l'on peut subir de manière répétées, et qui nous touchent toujours un peu plus. Sujet louable s'il en est, mais écrire des paroles en français, c'est pas si facile que ça. 
Première contradiction: en Français, c'est facile de dire que les paroles sont pas terrible. Ca donne d'autant plus de mérite aux groupes qui y arrivent bien, comme par exemple Amanda Woodward en son temps, et Guerilla Poubelle en plus punk-rock, pour qui mon intérêt a grandi avec leur dernier album Amor Fati d'ailleurs ("Martin Luther (Burger) King"). Mais si ça avait chanté en Anglais on aurait dit quoi? Surement un truc bien différent. Donc concentrons-nous sur la musique en oubliant quelque peu la langue.

Pour ça, les grandes roulettes, le punk-rock mélodique, ça nous connaît. On a vu passer des kilomètres de bandes de groupes dans le genre. Ici, c'est pas mal, sans être transcendant. Le son est assez moyen, mais tout le monde ne peut pas enregistrer avec une production de fou. La batterie est bien triggée (bien trop pour moi, enfin c'est très personnel, c'est le style qui veut ça), la basse un peu râpeuse, mais le mixage tient la route. Les choeurs sont bien présents, et ma foi on a entendu bien pire.   
Deuxième contradiction: qu'est ce qu'on fait quand le son d'un disque nous plaît pas? Pas facile. D'un côté, pas facile de l'oublier, et c'est un truc auquel je fais vraiment attention. D'un autre, une fois qu'on a dit ça, il reste quand même de la musique. Les structures, les lignes de chant, les riffs. Ici, la chronique doit être différente de celle qui parlerait du dernier EP de Four Year Strong par exemple, où j'aurais aucun mal à dire que c'est nul. ZERO.  Ici, il faut plutôt  rester mesuré. les structures sont assez solides, les choeurs présents, la batterie en place. Et dans ce contexte, c'est pas mal.  La moyenne, en somme.  

La seule mention spéciale qu'on peut donner, c'est sur "Papy Jacques" une chanson assez rigolotte sur un pépé qui peut ressembler un peu au nôtre. je prends cette chanson avec ironie, et je dois avouer qu'elle m'est rentrée dans la tête assez facilement. Comme quoi il y a du potentiel, si on creuse un peu la surface.
Troisième contradiction: c'est beaucoup plus personnel. Dites moi si ça vous fait ça aussi, mais dès que j'ai un truc de punk-rock mélo dans le disque dur de mon téléphone intelligent, je peux pas m'empêcher de l'écouter souvent, même si je trouve ça bateau et réchauffé. Four Year Strong, The Story So Far, A Wilhelm Scream, ou Polar Bear Club. J'essaye de pas trop me dé-crédibiliser, mais ça me fait ça souvent. Je SAIS que je vais l'écouter 30 fois. Cette chanson, c'est un peu ça, je l'ai écouté plusieurs fois, chanté même un peu, même si j'y ait trouvé rien de spécial. Contradictoire j'ai dit.  

Ensuite, j'ai plus de mal à parler du reste. Du punk-rock sincère,mais sans plus, sans assez de contenu pour vraiment s'emballer. Mais bon, il y a quand même les encouragements du jury!

Ca va venir les gars, ça va venir !





   

vendredi 8 août 2014

More Dangerous Than A Thousand Rioters -S/T





Ca y est. C'est fait. Comme annoncé dans les split chroniques #1, voici le premier LP des Alsaciens de More Dangerous Than A Thousand Rioters et c'est pas faute de vous avoir prévenu. Autant l'annoncer d'entrée, la guerre est déclarée. On a beau être plus ou moins pacifistes, à un moment il faut que ça pète et là, on ne peut que constater les dégâts.

Tout comme les Inglourious Basteards, les membre de l'unité d'élite More Dangerous Than A Thousand Rioters ont été savamment choisis dans la crème des bataillons Strasbourgeois. On compte ainsi des soldats de différentes unités respectées comme The Boring, BG du 57, et quelques autres. Une unité d'élite Alsacienne donc.
Avant l'assaut, il faut s'atteler à un entraînement intensif. Pour cela, il faut suer des heures et jours durant dans les sous-sol de la Maison Bleue aux alentours de Srasbourg, et je peux vous dire que cela forge une expérience de taille. Ensuite, pour prouver que vous êtes capable d'aller au combat, il faut enregistrer un premier EP et partir en mission aux 4 coins de l'Europe. En particulier, vous irez en camping-car vintage dans les rudes conditions de l'Europe de l'Est chaque été, où vous serez soumis à une batterie de tests intenses en émotion. Votre capacité à enchaîner les dates sera aussi mise à rude épreuve. Et poussez plus fort pour démarrer cette bagnole !
Dans le cas de notre unité, tous ces tests ont été passés avec succès. Mais le vrai combat, c'est autre chose. Pour preuve, il faut endurer la moulinette ultime d'Amaury Sauvé, qui a entraîné des unités d'élites Françaises prestigieuses comme Birds In Row ou Nine Eleven, pour en faire des machines de guerre.
Alors enfin, avec cet album enregistré, vous êtes prêts. Fin prêts.


A Strasbourg donc, on aime la violence. Et ça ne date pas d'hier. On aime le screamo, le hardcore, et cet album auto titré le fait savoir. On perpétue la tradition de bon nombre de groupes qui sillonnent ou ont sillonnés les routes de notre pays avec un hardcore chaotique, crié, tendu, qui prends aux tripes.
J'avais déjà salivé avec leur premier EP, un savant mélange entre hardcore "moderne" et screamo. Le début de cet album est de la même trempe, le son en plus. Pour le coup, ça sonne vraiment bien mieux, vraiment bien tout court d'ailleurs. Batterie "hardcore moderne" ( je veux dire: grosse caisse profonde et précise, caisse claire cinglante et cymbales en retrait), grosses guitares bien en place, et basse lourde qui vient parfaitement compléter le chant aigu, agressif mais sans sur-couche. Comme quoi on peut prendre de l'envergure avec un son à la hauteur. Et surtout, enregistré live. Il faut avoir les cou***es et la compétence pour le faire, mais tout est tellement plus cohérent. Bien vu.
Au fil de l'album, j'ai l'impression qu'on s'oriente aussi vers un screamo vif, arraché et violent, à la Comadre, Raein et consorts. Ca me plaît, sans aucun doute, même si j'aurais peut-être aimé un peu plus de finesse par instants. Mais bon0, je sais que j'ai parfois tendance à être un peu vite rassasié, et à trouver le temps long un peu vite. Dans tous les cas, la maîtrise est vraiment présente, et l'évolution flagrante.
Surprise, il y a même du chant en Français, dans la tradition de Daïtro ou plus vraisemblablement Amanda Woodward et confrères. Deux chansons, deux points de ruptures, qui contrastent dans le chant mais pas dans la musique, toujours aussi tendue et violente.
En vitrine par ailleurs, "May 1st 1955" nous renvoie au hardcore moderne de Defater ou Modern life is War, et j'apprécie la référence. L'alternance entre ce type de morceau ("Wackelkontact"), d'autres clairement orientés plus screamo violence ("With Spades and Hoes and Plows"), ou encore certains à la frontière des deux ("A Quack Nostrum", "Perpetual War") donne à cet album une cohérence intéressante, qui montre d'une façon globale une richesse supplémentaire dans la musique de More Dangerous Than a Thousand Rioters. Et je vous conseille vivement d'aller y jeter une oreille.

De toute façon, si vous ne le faites pas, j'espère qu'ils passeront par chez vous, et si c'est le cas je ferai attention à votre crâne. Cet album, c'est la guerre maîtrisée, avec des armes aussi lourdes que les paroles sont engagées. C'est une guerre de professionnels, prêts à venir en découdre sur les champs de bataille du monde entier.

Ecoutez-moi ça de suite, que je retrouve pas votre scalp accroché au mur de leur Maison bleue.