mardi 12 décembre 2017

Julien Baker - Turn Out the Lights




Edito: je préfère te prévenir, cette chronique va sonner comme une déclaration d'amour. Comme celle de Nadine par exemple, une groupie de Patrick Bruel, qui lui a envoyé une lettre avec sa culotte dedans après la sortie de l'album Alors Regarde en 1989. Et bien sur qu'elle était à son concert en 1990 à Paris. Bien sur. Nadine, aujourd'hui je peux te le dire, je te comprends.


Matador - Octobre 2017



Alors non, ne me faites pas faire ce que je n'ai pas fait. Non, je n'ai pas encore envoyé de lettre (encore moins avec ma culotte dedans) à Julien Baker, mais je suis devenu un genre de groupie, je veux bien l'avouer. Et bien sur que j'étais à son concert il y a quelques semaines à Bruxelles. Bien sur. Pour faire court, j'ai été transporté.

Je veux dire, c'est d'autant plus fou que je m'y attendais, j'avais même prévu d'y aller tout seul exprès pour verser une larme et tout. Même si en vrai c'était une excuse bidon parce que j'avais pas d'amis pour y aller avec moi (du moins il y a 6 mois quand les places de concert se sont arrachées). Mais les émotions, c'est inexplicable, même si c'est souvent prévisible. Je n'ai pas versé de larmes mais j'ai quand même été carrement embué. Un moment rare à un concert.

Alors comme une évidence, j'ai acheté son nouvel album, Turn out the lights, et c'est bien l'une des premières fois dans une chronique où je peux mettre un 10/10. FA-CILE.

Pour tout dire, j'avais un peu peur de cet album avant de l'écouter. Parce qu'il est la suite d'un premier album à couper le souffle, avec une voix magique et une instrumentation qui est la définition même du minimalisme. Une athmosphère vraiment particulière qui pour moi avait été une veritable claque. J'avais peur qu'avec l'évolution, avec plus de moyens, avec aussi un peu plus de notoriété, même si c'est assez relatif, la donne allait changer. Heureusement non, et ''Appointments'', le premier single, en est l'exemple parfait.

Certes, l'instrumentation est plus travaillée, il y a maintenant du piano, plusieurs voix, mais l'esprit reste identique. Extrêmement fragile, mais simplement beau. Je ne vais pas faire un listing de toutes les chansons et les encenser une par une, mais je vais m'attarder sur les plus simples. Celles sur lesquelles une guitare suffit, en plus de cette voix tellement envoutante. "Happy to Be Here" mais surtout "Even". Ces suites d'accord, on les a entendu des centaines de fois, dans un ordre ou dans un autre, dans un style ou dans un autre. Mais là, ils prennent en moi une résonnance particulière, sans que je puisse vraiment l'exprimer.

Alors si tu écoutes les paroles, c'est triste, difficile de dire le contraire. C'est même incroyablement triste. Pourtant cette voix est lumineuse, et le contraste est saisissant.

Voila Julien. Je ne vais pas t'envoyer d'autre lettre, et je ne sais pas ce qu'ils se passerait si on se rencontrait pour de vrai. Pourtant si c'etait le cas je n'aurais qu'une chose à te dire: Bravo.