jeudi 3 juillet 2014

The Early Grave - Be Here Before You Disappear







Delete Your Favorite Records - AMT Music - Jose records - Blackout Prod - [Juin 2014]



Plus de 4 ans. Sans vouloir disserter longuement sur ma vie, je me rappelle bien ce jour de Juin où j'ai vu The Early Grave pour la première fois, dans ce bar à motards de la banlieue de Nancy. Des p'tits jeunes (comme moi en ce temps) bien sympas et leur musique entre pop-punk et punk-mélodique qui avait attiré mon attention. Un bon moment de passé, et leur premier EP dans la poche en repartant, bien entendu.

Dans la case souvenir de l'écoute de cet EP, néanmoins, l'impression était plus terne, sans faire le vieux rabat-joie. Les codes du genre sont bien là, grosses guitares et refrains rageurs, en nous rappelant nos groupes préférés, Hot Water Music en tête, et c'est bien le principal. Mais derrière ça, je reste quand même sur ma faim. Un manque de maturité peut-être, j'ai l'impression dans l'ensemble d'écouter des bons morceaux pop-punk, mais avec un peu de puissance et d'efficacité en moins. En même temps, la critique est facile, jouer de la bonne musique l'est beaucoup moins j'en convient. Il y a quand même matière se satisfaire, à croire au potentiel des gars, car les idées sont bien là. Il va falloir peaufiner les structures, les arrangements, le son aussi. Il va falloir faire travailler les tripes, le coeur et ses méninges. Avec ça, on attendra la suite avec une certaine envie.

 Cette suite justement, c'est sur long format qu'elle arrive aujourd'hui. 4 ans et un split avec Woodson plus tard donc, voici le premier LP de The Early Grave, "Be Here Before You Disappear". A en juger par la vitesse de prolifération de ma barbe et l'apparition de mes premiers poils dans le dos, je crois que je commence à devenir un homme plus viril et plus rugueux. J'espère que eux aussi.


Ceci étant dit, un disque, avant de s'écouter, ça se regarde. J'irais presque jusqu'à dire que ça se touche, ça se sent avant de le poser délicatement sur sa platine, mais ça fait un peu fétichiste et j'ai oublié ma combinaison en latex. En tout cas là, l'artwork est magnifique. Un design soigné, c'est déjà gage de l'attention que le groupe porte pour attirer l'oeil de l'acharné des bacs qui va trouver ce disque. Ici, c'est sobre, avec cette photo fumante sortie d'un polaroïd. Bon nous, on veut quand même être là pour écouter ce disque avant qu'il ne disparaisse, comme cette photo qui brûle déjà à peine développée, il est donc temps de s'y mettre.

 "The Early Grave". Décidément il est question de tombe assez souvent en écrivant les lignes de ce blog (là par exemple). Pourtant, les chroniques mortuaires, c'est pas spécialement mon truc. Je laisse ça aux anciens qui guettent ceux qui ont passé l'arme à gauche chaque jours dans le journal local. Ici c'est la vie, la sueur , les guitares et les copains.

C'est bien la musique qui nous intéresse dès lors, plus particulièrement de savoir quelle direction a pris le groupe, après des changements de membres, et une bonne dose de travail je suppose. Cet album sort d'ailleurs, entre autres, sur Delete Your Favorite Records, signe que le groupe a gagné en visibilité, et donc que leur musique a dû marquer des points. Dès l'entame, on sent que la scène punk-rock de Gainsesville n'est pas tombée dans des oreilles de sourds. Riffs punk-rock typiques, structure simples et plus efficaces, choeurs de circonstances, on se sent bien. Leur son a bien évolué, comme je pouvais l'espérer, et on y gagne déjà beaucoup je trouve. Ca me fait pas mal penser au dernier Banner Pilot (Good As You), entre autres, en particulier au niveau du chant, même si il va falloir enchaîner les clopes et les apéros anisés pour avoir la voie raillée caractéristique du genre. On retrouve néanmoins une certaine similitude dans le phrasé peut-être, mais je m'avance beaucoup.

En tout cas l'album se laisse vraiment écouter, tout est assez plaisant, même si il me manque encore une petite touche d'originalité pour être pleinement satisfait. La musique prends quelques airs tricolores au fil de l'album, on sent poindre des accents de Flying Donuts (Something New) ou Second Rate (Running Out of Time) qui ne sont pas les références les plus difficiles à supporter. On frôle sûrement le cliché parfois, mais c'est le lot de ce style de musique quelque part et on l'accepte bien volontiers. On peut éventuellement reprocher le manque de vrai "tube", toujours un plus qui aurait pu définitivement faire pencher la balance. Former Life et ses accents indie-punk vient refermer ces 9 titres, qui sont au final assez pour se faire plaisir sans tomber dans le surplus de morceaux sans intérêts.

Si le début de ce disque m'a paru peut-être un peu monotone, je me suis pas mal déridé au fil de l'album (enfin c'est moi ou c'est eux qui se sont déridés?), et d'ailleurs je préfère vraiment les derniers morceaux, plus variés, plus riches. Mention spéciale pour le clou de la visite, Former Life, qui pour le coup apporte du frais dans l'écoute, le genre de morceau un peu inattendu en fin d'album, qui te remets la pêche bien comme il faut.

Dans tous les cas, pour un groupe dont le nom évoque la fin prématurée et l'éternité entre 4 planches de bois, on a quand même un sacré sourire à la sortie.  L'évolution du groupe est vraiment notable, et le meilleur moyen de s'en apercevoir sera d'aller les voir sur scène, si ils passent pas loin de chez vous, dans un bar à motard ou ailleurs. Si vous aimez le punk-rock sincère, joué à 100%, vous serez sûrement agréablement surpris par cet album, comme je l'ai été. Peut-être pas jusqu'à l'emporter dans votre tombe, mais ça, c'est une autre histoire. 

   


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